Quand aller à l’école est dangereux

Quand aller à l’école est dangereux

Par Nicolas

Cinquième texte de la série « Récits d’observateurs·trices des droits humains – rétrospective » pour les 20 ans de PWS
Nicola sa passé 3 mois en Palestine/Israël en tant qu’observateur des droits humains de novembre 2017 à février 2018. Il est juriste de profession et travaille actuellement comme Risk Profiler au Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports (DDPS). Il suit en outre un CAS en « Religion, Peace & Conflict » auprès de swisspeace.
Sur le chemin de l'école Tuq'u. Photo : PWS-EAPPI 2018
Un autre « school run » était à l’ordre du jour. Depuis près de trois mois, nous avons assuré plusieurs fois par semaine ce que l’on appelle une « présence protectrice » dans quatre à six écoles des environs de Bethléem. Les enseignant·e·s palestinien·ne·s nous ont explicitement demandé de nous rendre le plus souvent possible sur le chemin de l’école et devant les écoles. Trop souvent, les écoles et leurs alentours sont le théâtre de contrôles d’identité, d’arrestations et de violences entre les enfants palestiniens et l’armée israélienne. La présence internationale d’EAPPI a notamment un but de dissuasion afin d’éviter que de tels incidents se produisent. Malheureusement, ce n’est pas toujours le cas.
Travail d’accompagnement des droits humains en Palestine/Israël :
Dans le cadre du Programme œcuménique d’accompagnement en Palestine et en Israël (EAPPI) du Conseil œcuménique des Églises : accompagnement protecteur des agriculteurs×trices et des écoliers×ères, monitoring de checkpoints, observation des violations quotidiennes des droits humains, coopération et échange avec les organisations de paix locales ; travail de documentation, de compte-rendu et de sensibilisation.

« Make your presence felt »

À 7h du matin, nous nous sommes rendus avec notre chauffeur palestinien à l’école primaire et secondaire de Tuq’u et avons été accueillis, comme souvent, non seulement par des enseignant·e·s et des élèves palestinien·ne·s chaleureux, mais aussi par l’armée israélienne. Les soldats israéliens avaient garé leur jeep à côté de l’entrée de l’école primaire, bien qu’il n’y ait pas de colons israéliens à protéger à des kilomètres à la ronde. Et pourtant, il y a des raisons pour lesquelles ils patrouillent presque quotidiennement devant les écoles palestiniennes. Leur devise est « Make your presence felt » : les Palestinien·ne·s doivent ressentir l’occupation quotidiennement, non seulement physiquement mais aussi psychiquement. Un sentiment que chaque enfant en Cisjordanie connaît et avec lequel il est impossible de faire autrement.

L’armée israélienne devant l’école primaire de Tuq’u. Photo : Nicolas/PWS-EAPPI 2018

C’est ainsi que d’innombrables élèves palestinien·e·s sont confrontés, avec peur, à l’occupation israélienne sur le chemin de l’école, en passant tôt le matin devant de jeunes soldats lourdement armés avec leur jeep. Beaucoup de leurs connaissances et de leurs proches ont déjà été arrêtés sur ce même chemin de l’école ou dans la cour de récréation et ont déjà vu cette jeep de l’intérieur de l’école. Les enfants sont souvent accusés d’avoir lancé des pierres. Après quelques jours de détention, ils·elles sont généralement libéré·e·s contre une caution de plusieurs centaines de francs. Les enfants ne bénéficient que de peu de droits procéduraux. Ainsi, selon le droit militaire israélien, aucun avocat n’est autorisé à être présent lors du premier interrogatoire de l’enfant.

Peu à peu, les élèves n’étaient plus pour moi des enfants palestinien·e·s comme les autres, mais des visages familiers que je me réjouissais de revoir et qui me saluaient avec des sourires, des gestes chaleureux et de nombreux « high-five ». J’ai d’autant plus souffert avec eux lorsque le personnel enseignant présent m’a informé des arrestations qui avaient eu lieu. La semaine précédente, il y en avait eu trois. Les raisons en étaient inconnues. On ne savait pas non plus où ils se trouvaient. Nous avons réitéré au corps enseignant et aux membres de la famille qu’il était possible de faire appel à l’organisation « Defence for children international » (DCI), qui offre un soutien juridique gratuit dans de telles affaires. Après une courte partie de volleyball, nous avons repris la route.

Violents affrontements

L’après-midi – sur le chemin de l’école à Al-Khader – nous avons été pris dans un violent affrontement entre des élèves palestinien·e·s et l’armée israélienne. À environ 200 mètres de l’école, nous avons rencontré d’un côté des élèves et de l’autre, deux soldats israéliens. Les deux groupes se provoquaient mutuellement par des gestes et des paroles. Le visage recouvert d’un kufiya, les élèves ont ramassé quelques pierres sur le sol et les ont lancées en direction des deux soldats. Ces derniers s’en sont amusés à distance et ont fait signe aux enfants de s’approcher, tout en pointant leurs armes sur les élèves qui s’approchaient. La situation menaçait de dégénérer.

L’école Al-Khader. Photo : Nicolas/PWS-EAPPI 2018

Moins de deux minutes plus tard, nous avons vu des dizaines d’enfants et de jeunes courir dans deux rues latérales. Deux jeeps militaires ont foncé à toute vitesse dans notre direction, poursuivant les enfants dans les rues et lançant des grenades assourdissantes. À pied, quelques soldats israéliens ont sécurisé les environs et ont pénétré dans certaines maisons. Des enfants se sont enfuis des maisons en courant, fuyant les soldats et les détonations des grenades assourdissantes. En taxi, nous sommes passés aussi discrètement que possible devant la jeep militaire et avons vu des soldats israéliens arrêter un garçon et le faire monter dans la voiture. Soudain, un soldat a lancé une sorte de bombe fumigène dans notre direction, qui a atterri sur le toit d’une voiture qui passait par là. Nous étions à cinq mètres de là. La situation devenant trop critique, nous avons quitté les lieux.

Arrestation d'un garçon près de l'école Al-Khader. Photo : Nicolas/PWS-EAPPI 2018

Possibilités et limites de l’observation des droits humains

Souvent, nous ne pouvons pas empêcher l’escalade de la violence et les violations des droits humains par notre seule présence. Dans ces situations, nous sommes à chaque fois fortement liés au principe de non-intervention. Mais nous pouvons observer, rapporter et montrer notre solidarité. Ainsi, nous rendons visite aux familles dont les enfants ont été arrêtés. Nous les écoutons et leur montrons qu’elles ne sont pas seules. Dans la mesure du possible, nous agissons comme médiateurs et médiatrices et mettons les personnes concernées en contact avec des organisations locales qui peuvent leur apporter un soutien concret et spécifique. Nous rentrons quotidiennement nos rapports dans un système qui est également à la disposition d’organisations internationales comme l’ONU ou le CICR. Nous recevons en outre des délégations internationales, rendons compte de la situation sur place et effectuons un travail de sensibilisation partout dans le monde. La communauté internationale doit savoir quelles sont les conséquences de l’occupation israélienne sur la vie quotidienne des Palestiniens et des Palestiniennes.

Quelques jours plus tard, nous nous sommes rendus pour la dernière fois à l’école primaire pour faire nos adieux. Dans deux jours, de nouveaux accompagnateurs·trices des droits humains assureront à nouveau une « présence protectrice » devant les écoles. Nous avons attendu que les enfants aient terminé leur appel matinal (chant de l’hymne national, mouvements gymniques et lecture du Coran). Nous sommes restés à côté de la porte d’entrée et avons distribué des « high-five » aux quelque 200-250 jeunes élèves qui passaient devant nous ; un bel au revoir. À ce moment-là, j’ai su que ce qui me manquerait le plus, ce serait les innombrables « school runs », les élèves et les enseignant·e·s Nous avons bu une dernière tasse de thé ensemble avant de reprendre le chemin de la maison.

Les observateurs des droits humains Nicolas et Paul avec des enseignants de l'école Al Khader. Photo : PWS-EAPPI 2018.

Bulletin Info Palestine/Israël – Novembre 2021

Bulletin Info Palestine/Israël (EAPPI) - Novembre 2021

Jack Munayer, coordinateur local du programme EAPPI, décrit dans une interview avec PWS tout ce que le bureau de Jérusalem entreprend pour accompagner les personnes et les communautés en Palestine/Israël même sans la présence d’observateurs·trices internationaux des droits humains et pour attirer l’attention internationale sur les événements dans cette région. Aussi disponible en PDF.

Le prix de la liberté

Le prix de la liberté

Par Elodie Sierro

Quatrième texte de la série « Récits d’observateurs·trices des droits humains – rétrospective » pour les 20 ans de PWS
Elodie Sierro a été accompagnatrice des droits humains au Guatemala en 2018 pour une durée de 6 mois avec ACOGUATE, alors organisation partenaire de PWS dans le pays. Elle a fait des études en politique et management public et travaille maintenant en tant que Responsable des partenariats et relations institutionnelles pour Handicap International Suisse.

La lutte pour la récupération des terres au Guatemala

Lors de mon engagement en tant qu’accompagnatrice des droits humains avec PWS/ACOGUATE au Guatemala, j’ai eu l’occasion d’accompagner une communauté autochtone dans son processus de récupération des terres.

Dans cette zone frontalière avec le Honduras, se livre une bataille acharnée et sanglante entre une communauté maya indigène et une famille de propriétaires terriens locaux. La récupération des terres est fondamentale pour les populations autochtones car elle permet une certaine autonomie politique aux conseils autochtones.[1] Cette lutte se fait dans la perspective d’assurer la sécurité alimentaire dans une région où l’on trouve l’un des indices les plus élevés de dénutrition de tout le pays. Pour récupérer leurs terres, les populations autochtones doivent d’abord être reconnues en tant que communauté autochtone avec une personnalité juridique propre. Elles revendiquent le droit à la terre ancestrale et à l’autodétermination des peuples autochtones.

Le travail d’accompagnement des droits humains au Guatemala :
En tant que membre du consortium international ACOGUATE : accompagnement protecteur de défenseur·e·s des droits humains et de témoins dans des procès pour la défense des droits humains ainsi que de communautés défendant leurs terres et la protection des ressources naturelles.
Visite communauté Orient. Photo : PWS/Acoguate 2017

Mais les propriétaires terriens voient d’un mauvais œil ce combat pour la récupération du territoire. Ils tentent donc d’empêcher ce processus et n’hésitent pas à recourir à la violence pour arriver à leurs fins. Cette violence se traduit d’une part par la violence physique et d’autre part par la criminalisation de la lutte de ces communautés autochtones : plusieurs personnes avaient été placées en détention provisoire et attendaient leur procès depuis plusieurs mois.

Ce qui m’a le plus marqué, c’est la force et le courage des membres de la communauté : d’une part les prisonniers, privés de leur liberté pour un crime qu’ils n’ont pas commis, mais aussi les autres membres de la communauté qui continuent de lutter et sont constamment menacés. En effet, le gouvernement menace, attaque, torture et tue. ela me paraissait impensable en arrivant au Guatemala, mais j’ai vite compris que c’était la dure réalité.

Procès prisonniers politiques Zacapa. Photo : PWS/Acoguate 2017

Mon rôle en tant qu’accompagnatrice des droits humains

Dans ce contexte, le travail de PWS/ACOGUATE est précieux. La présence protectrice d’accompagnatrices et accompagnateurs des droits humains permet aux Guatémaltèques de pouvoir continuer leur travail de défense des droits humains. Par notre présence, nous montrons que le monde est attentif à ce qu’il se passe au Guatemala, et cela permet de limiter la violence physique et structurelle envers les defenseur·e·s des droits humains, cela dissuade les opposants de passer à l’action.   

En tant qu’accompagnatrice des droits humains, j’ai rencontré les membres de cette communauté lors de visites dans la région, notamment lors de visites en prison et durant le procès. Mon rôle était d’accompagner les prisonniers et leurs proches ainsi que les membres de la communauté de manière générale. Au-delà de la présence physique, nous allions également porter la voix de la communauté auprès des responsables politiques au niveau local, ainsi qu’auprès des organisations internationales et des membres des corps diplomatiques. Le but était de rendre visible la situation et de générer un changement pour la population.

Néanmoins, devant tant d’injustice, je me sentais bien souvent démunie et avais de la peine à accepter que ma seule présence puisse suffire à leur apporter un soutien. Souriantes et déterminées, les personnes accompagnées ne perdaient pas de vue leur objectif : revendiquer la justice et leurs droits. Des femmes et des hommes qui risquent leur vie pour défendre leur terre.

Ces personnes luttent depuis des années et lutteront malheureusement probablement encore durant plusieurs années. La présence de PWS/ACOGUATE leur permet de garder la force et de se sentir accompagnés, et d’avoir une épaule sur laquelle s’appuyer.

Je suis heureuse d’avoir pu apporter une petite contribution au travail important que mène cette communauté. Leur force et leur détermination resteront à jamais gravées en moi. Cette expérience m’inspire au quotidien et me permet de garder l’énergie de lutter pour créer un monde meilleur.

Assemblée de COMUNDICH Camotán. Photo: Laura Kleiner 2017

__________
[1] En Amérique centrale, la « Madre Tierra » est un concept central et fait partie de la cosmologie maya, une vision du monde où le respect et la protection de la terre sont au centre. La terre ne se détruit pas, elle se protège et se respecte. Ce savoir ancestral est transmis de génération en génération. Ce lien avec la nature est fort.

Dépossession des Palestinien·ne·s

Dépossession des Palestinien·ne·s

Par Jenny Bolliger

Troisième témoignage de la série « Récits d’observateurs·trices des droits humains – rétrospective » pour les 20 ans de PWS

Jenny Bolliger a été mandatée en tant qu’observatrice des droits humains en Palestine/Israël pendant trois mois en 2006/2007 et pendant 3 autres mois en 2007/2008. De 2008 à 2012, elle a été coordinatrice de projet pour la Palestine/Israël (EAPPI) au sein de Peace Watch Switzerland.  Jenny est titulaire d’un bachelor en animation socioculturelle et d’un master en Peace Studies. Aujourd’hui, elle travaille avec des personnes réfugiées.

Je me remémore souvent le temps où j’étais observatrice des droits humains. Depuis lors, j’y suis souvent retourné, comme guide touristique, lors de visites, en tant que coordinatrice suisse du programme EAPPI. Mais je n’ai plus jamais remis les pieds Yanoun, le petit village où j’ai passé trois mois durant l’hiver 2006/2007. J’ai de bons souvenirs des après-midis agréables passés avec les villageois·e·s, à récolter des amandes, à faire du pain, à jouer avec les enfants. Ce sont des souvenirs de rencontres chaleureuses, de visages souriants et de moments joyeux où nous avons essayé de nous dire quelque chose.

Je me demande comment va Yassir, le chauffeur de bus, si Ahmed peut continuer à labourer sa terre, si Layla et ses sœurs ont encore tant d’histoires à se raconter.

Travail d’accompagnement des droits humains en Palestine/Israël:

Dans le cadre du Programme œcuménique d’accompagnement en Palestine et en Israël (EAPPI) du Conseil œcuménique des Églises : accompagnement protecteur des agriculteurs·trices et des écoliers·ères, monitoring de checkpoints, observation des violations quotidiennes des droits humains, coopération et échange avec les organisations de paix locales ; travail de documentation, de compte-rendu et de sensibilisation

Cuisson du pain, Yanoun. Photo : J. Bolliger 2006

Les habitant·e·s de Yanoun ont-ils/elles conservé leur joie de vivre malgré la violence des colons israéliens, se soutiennent-ils/elles mutuellement en tant que communauté et leurs enfants ont-ils/elles pu se construire un avenir épanouissant ? J’ai été autorisée à prendre part à leur vie quotidienne, notre présence était un changement bienvenu et le village s’est senti protégé et connecté au monde grâce à nous. Il était de notre devoir de transmettre et diffuser leurs histoires et ainsi d’attirer l’attention sur les personnes qui se cachent derrière les grands reportages.

Yassir et son fils, Yanoun. Photo : J. Bolliger 2006

La menace permanente : l’histoire de Hadla

Le lien avec les personnes susmentionnées est encore très fort et, heureusement, la première chose dont je me souviens, ce sont les beaux moments. Mais les textes que j’ai écrits à cette époque parlent aussi de la menace permanente :

Bouleversée, Hadla nous accueille ; en fait, elle aurait dû quitter sa maison depuis longtemps. Avec ses fils et leur famille, elle vit dans la grotte où elle est née. Des soldats et des colons israéliens passent sans cesse et lui font peur. Elle est heureuse de nous voir et, ensemble, nous essayons de trouver un avocat pour défendre son cas. La terre qu’elle et sa famille cultivent appartient à une grande famille palestinienne à laquelle elle paie un loyer. L’ordre écrit que Hadla a reçu dit, en hébreu, que l’armée veut confisquer la zone à des fins d’entraînement.

Dans la grotte de Hadla et sa famille. Photo : J. Bolliger 2006

Je ne sais pas comment l’histoire de Hadla s’est poursuivie, si l’avocat a pu défendre avec succès la famille. Au cours des trois mois, nous sommes souvent revenus rendre visite à la famille et l’avons encouragée à continuer à se battre. Nous avons documenté son cas et d’autres cas d’accaparement des terres et les avons transmis au bureau local de l’OCHA des Nations unies et au CICR afin qu’ils puissent se faire une idée plus précise de la situation sur le terrain. Nous avons également contacté des organisations de défense des droits humains en Israël, telles que B’Tselem et Adalah, qui contribuent à couvrir les frais de justice.

Hadla n’est pas un cas isolé : il y a différentes méthodes d’accaparement des terres

Il existe malheureusement des milliers d’histoires comme celle de Hadla. Outre les intimidations et les attaques des colons israéliens, le gouvernement israélien tente de s’approprier des terres et de les incorporer à son territoire par divers moyens. Par exemple, les terres sont confisquées à des fins militaires, comme mentionné ci-dessus. Mais les terres palestiniennes sont également expropriées pour la prétendue protection de la nature, pour la construction du mur de séparation ou de routes que les Palestinien·ne·s ne sont pas autorisés à utiliser. En outre, une vieille loi datant de la période ottomane a été réactivée, qui stipule que les terres non cultivées deviennent automatiquement propriété de l’État israélien après trois ans. À cette fin, la population n’est plus autorisée à cultiver et à labourer ses terres – et voilà. Cela ne se produit pas seulement dans les régions rurales, mais peut également affecter des rangées entières de rues et de quartiers dans les villes. L’exemple le plus marquant et le plus récent de la dépossession des Palestinien·ne·s est celui de Sheikh Jarrah, à Jérusalem-Est[1].

Il est bon de savoir qu’après moi, d’autres observateurs et observatrices des droits humains ont été présents pour soutenir les gens dans leur lutte pour leur pays et leurs terres. Mon mandat à Yanoun a eu un grand impact sur moi et m’a rendu plus investie en politique. Les belles rencontres sur le terrain me motivent à rester engagée et à défendre les droits humains. Je continue donc à être active au sein du mouvement Palästina Solidarität Basel.

Accompagnement au tribunal de Tegucigalpa. Suivi du cas.

Accompagnement au tribunal de Tegucigalpa. Suivi du cas.

Par Marcel Anderegg

Premier témoignage de la série « Récits d’observateurs·trices des droits humains – rétrospective » pour les 20 ans de PWS
Marcel Anderegg a été volontaire de PWS dans le cadre du projet PROAH au Honduras pendant six mois en 2014. PWS a fait partie de ce projet entre 2011 et 2015. Il est titulaire d’un master en sciences agraires de l’EPFZ et dirige aujourd’hui l’Association suisse des ingénieurs agronomes et des ingénieurs en technologie alimentaire (ASIAT).
Il s’agissait d’un incident violent, de ceux qui se produisent presque quotidiennement au Honduras : un soir, fin mai 2012, Ebed Jassiel Yánez, quinze ans, s’est faufilé en dehors de la maison de ses parents pour retrouver sa petite amie. Sans la permission de son père, il a pris sa moto et s’est lancé dans la nuit de Tegucigalpa. C’est l’amour qui l’a conduit à cette action, qui s’est malheureusement tristement terminée. Arrivé à destination, il a attendu en vain, son amoureuse n’ayant pas réussi à sortir sans se faire voir. L’adolescent a ensuite pris le chemin du retour, passant devant un poste de contrôle militaire mobile et le traversant sans s’arrêter. Le lieutenant commandant a ordonné à ses troupes lourdement armées et encapuchonnées de se lancer à sa poursuite.
Tâches durant la mission au Honduras :
Accompagnement physique et téléphonique de communautés rurales et de leurs organisations ainsi que de défenseur·e·s des droits humains. Documentation et rapports pour le travail d’information de PWS en Suisse. Participation ponctuelle au travail de réseautage avec des acteurs nationaux et internationaux au Honduras.

Voulant forcer le motocycliste à s’arrêter, ils ont ouvert le feu après seulement quelques mètres. Après avoir été touché par une balle qui est entrée dans sa tête par le cou, le garçon est tombé au sol. Les soldats se sont brièvement arrêtés et ont quitté les lieux immédiatement, au lieu d’appeler à l’aide. Environ deux heures plus tard, ils sont revenus pour ramasser les douilles de cartouches qui traînaient, qu’ils ont jetées de la voiture sur le chemin du retour. Cependant, heureusement, un témoin a pu trouver deux de ces douilles et l’examen balistique a ensuite révélé que l’une d’entre elles appartenait au projectile fatal tiré par l’arme d’Elezear Abimael Rodríguez. Ce dernier a donc été inculpé d’homicide et d’abus d’autorité par le ministère public et condamné à 16 ans de prison le 15 mars 2015.

Les accompagnateurs·trices internationaux de PROAH accompagnent le cas

La famille Yánez a été représentée au tribunal non seulement par le ministère public mais aussi par l’avocate Karol Cárdenas de l’organisation de défense des droits humains COFADEH (Comite de Familiares de Detenidos-Desaparecidos en Honduras). La famille a également été accompagnée par les volontaires de PWS/PROAH depuis la première audience en juin 2012. Lors de ma mission en automne 2014, j’ai poursuivi cet accompagnement et ai ainsi passé de nombreuses heures aux côtés de Don Wilfredo Yánez, le père de la victime, et de Karol. Au début, j’ai eu un peu de mal à suivre les négociations. D’une part, je connaissais mal le système judiciaire hondurien, qui est très complexe. D’autre part, je ne connaissais pas (encore) les nombreux termes juridiques. J’ai essayé de ne rien laisser paraître et ai espéré pouvoir faire une différence juste en étant présent. Ce procès est devenu une partie importante de la vie de Don Wilfredo, mais il a mentionné à plusieurs reprises qu’il ne voulait pas se venger, mais uniquement rendre justice. Il nous a toujours beaucoup remerciés pour notre accompagnement et était convaincu que l’observation et la présence internationales avaient un effet.

Les parents Yánez avec une photo de leur fils assassiné. Photo: PWS/Marcel Anderegg 2014

Le procès a été très difficile, surtout pour les proches de la victime. Comme dans de nombreux procès, les audiences ont été reportées à plusieurs reprises, l’ensemble du processus a été ralenti, les preuves présentées par l’accusation ont été discréditées et des tentatives ont été faites pour créer la confusion. Ce sont des stratégies bien connues des avocats des forces armées de l’État. C’était un cas emblématique et on espérait que d’autres responsables que l’auteur seraient traduits en justice. Le meurtre de l’adolescent ne pouvait être nié car il y avait un cadavre. Mais en fin de compte, c’est une fois de plus un seul soldat qui a dû porter le chapeau.

Défaite ou justice?

Au moins, il y a eu une condamnation, ce qui peut être considéré comme un succès dans un pays où, sur 100 homicides, seuls quatre sont entièrement résolus. Toutefois, si ceux qui donnent les ordres restent en liberté et au pouvoir, la situation générale ne changera pas si vite, et malheureusement, peu de choses ont changé depuis mes mois passés sur le terrain. Dire au revoir à Don Wilfredo Yánez à la fin de ma mission a été un moment difficile. C’était une personnalité impressionnante. Malheureusement, il a depuis succombé à un cancer.

Les parents Yánez en conversation avec l'avocate Karol Cárdenas. Photo: PWS/Marcel Anderegg 2014

Souvenirs des salles d’audience de Tegucigalpa

Comme nous étions là en tant qu’observateurs neutres, j’ai commencé à parler à l’avocat des forces armées pendant les pauses. Il a toujours été très amical avec moi, l’échange était stimulant et il a même exprimé son admiration pour notre engagement. Mais il a également qualifié notre travail de dangereux, ce qui aurait pu être perçu comme une menace subtile, mais je n’en étais pas conscient à ce moment-là[1]. Une situation particulière s’est produite le matin avant le prononcement de la sentence. L’un des accusés est apparu en uniforme militaire. Nous y étions allés un peu plus tôt et je lui ai demandé si je pouvais le prendre en photo. Il a dit oui et a posé fièrement. Lorsque ses avocats sont arrivés, ils l’ont renvoyé chez lui, plutôt indignés, et il est revenu en civil. L’image d’un militaire accusé ne devait pas transparaître. Lorsque je suis ensuite allé aux toilettes pendant une pause, il m’a suivi et m’a supplié de supprimer la photo, ce que j’ai fait immédiatement.
«Les balles n’éduquent pas. Les balles tuent.» Un graffiti à Tegucigalpa qui ne correspond malheureusement que trop bien à la réalité. Photo: PWS/Marcel Anderegg 2014

__________
[1] Le projet PROAH a reçu à plusieurs reprises des menaces et des insinuations sur le manque de légitimité de sa présence. PWS en a tiré les leçons pour le développement du projet ACO-H. Aujourd’hui, PWS dispose d’une accréditation légale au Honduras et est donc légitimée à travailler dans les institutions publiques telles que les tribunaux ou les espaces publics.

Bulletins Info 20 ans de PWS

Bulletin Info 20 ans de PWS - Juillet 2021

Le 19 juillet 2001 a eu lieu l’assemblée pour la fondation de l’association Peace Watch Switzerland.  L’accompagnement de réfugiés guatémaltèques de retour du Mexique dans les années 1990 a marqué les débuts de PWS. Ici vous pouvez savoir plus sur la genèse, les développements actuels et le travail d’accompagnement dans les pays du projet. Ici aussi disponible en PDF.

Bulletin Info Honduras – novembre 2020

Bulletin Info Honduras - NOVEMBRE 2020

Jimmy Bermúdez, ancien coordinateur terrain au Honduras, explique comment l’État hondurien accorde volontiers et rapidement des concessions pour l’énergie verte. Les droits humains de la population locale ne sont guère respectés. Ici aussi disponible en PDF.

Olive Harvest Initiative

Olive Harvest Initiative

by wcc-eappi

Olive trees know neither religious nor territorial boundaries and bear fruit even under occupation. With the annual olive harvest season commencing, the WCC launches a global initiative this week, highlighting the spiritual, economic and cultural importance of the olive harvest for Palestinian communities, and witnessing to the impact of the occupation.

Ecumenical accompanier participating in an olive harvest in the West Bank. Photo: R. Jonasson/WCC-EAPPI

Olive harvest initiative reaffirms commitment to justice and peace in the Holy Land

The objective of the initiative is to express solidarity and raise public awareness of the constraints and injustices Palestinians endure, along with continuous threats, harassments and vandalization of their land and property.

« The olive harvest is highly significant for the Palestinian communities of the West Bank. It brings people together in a joyful and festive mood around one of their most important traditional sources of income. Harvesting under safe and peaceful conditions is critical for the lives and livelihoods of Palestinian farmers and their families, » says interim WCC general secretary, Rev. Prof. Dr Ioan Sauca.

The WCC invites all member churches, partners and people of good will to join the initiative and come together in prayer for peace and justice, and a rich olive harvest.

While farmers are busy bringing in their harvests, traditionally this is also a time to celebrate and be grateful for the fruits of life that the olive trees provide. What makes this year different is that restrictions around the COVID-19 pandemic, along with the absence of onsite accompaniers since March, has compounded the vulnerability of Palestinian communities in the occupied territories. Still, the WCC Ecumenical Accompaniment Programme in Palestine and Israel (WCC-EAPPI) and its partners remain firmly committed to promoting peace and justice for Palestinians living under occupation. The situation on ground for vulnerable communities will continue to be monitored and communicated, while physical accompaniment will be resumed as soon as restrictions are lifted.

« The olive harvest season provides an opportunity to once again remind the world about the hardships and injustices the Palestinian people face under occupation. In a time dominated by concerns around COVID-19, this initiative sends a clear signal that the Palestinian people are not forgotten and that the Christian fellowship will continue to raise its voice against oppression and violations of human rights. It is a vital part of our Pilgrimage of Justice and Peace, » Sauca explains.

The olive harvest initiative is launched in close cooperation with ecumenical partners worldwide, as well as local churches and faith communities.

You are cordially invited to the initiative launch webinar!

On Wednesday 21 October the World Council of Churches hosts a webinar open to the public covering the cultural, economic and spiritual aspects of the olive harvest. You can find the details here.

To participate on social media, use #PeacefulHarvest and follow the WCC and EAPPI @worldcouncilofchurches @oikoumene @eappi.

More details about the initiative including a link to a social media kit and other resources can be found here.

THANK YOU FOR JOINING THE INITIATIVE AND SHOWING SUPPORT TO THE PALESTINIANS!

The original post by the WCC is here.

Portrait de volontaire Honduras

Portrait de volontaire Honduras 2020

Ueli Locher s’est engagé avec Peace Watch Switzerland pendant six mois en 2019 en tant qu’accompagnateur des droits humains au Honduras. Dans le portrait suivant, il nous parle de ses experiences et des connaissances acquises au cours de son mandat. Ici aussi disponible en PDF.

Portrait de volontaire Palestine/Israël

Portrait de volontaire EAPPI

Ursula Frei s’est engagée avec Peace Watch Switzerland pendant trois mois en 2019/2020 en tant qu’accompagnatrice des droits humains en Palestine/Israël. Dans le portrait suivant, elle nous parle de ses expériences et des connaissances acquises au cours de son mandat. PDF