PORTRAIT HONDURAS 2023

PORTRAIT DE VOLONTAIRE HONDURAS 2023

Nicolas Schärmeli s’est engagé 12 mois avec Peace Watch Switzerland (PWS) au Honduras en 2022/2023. Il a fait des études en Public and Nonprofit Management et a déjà travaillé en Suisse pour diverses ONG. Dans l’interview suivante, il parle de ses expériences au Honduras, de l’échange entre les cultures et de l’importance que revêt pour lui l’accompagnement des défenseur·euses des droits humains. PDF Version

Le droit à l’eau

Le droit à l’eau : une ressource vitale pour laquelle les populations locales des pays de nos projets doivent se battre

Bulletin d’information Honduras und Palestine/Israël – Juillet 2023

En 2010, l’ONU a reconnu le droit d’accès à l’eau potable comme un droit humain. Pourtant, 40% de la population mondiale est touchée par la pénurie d’eau et le changement climatique ne fait qu’aggraver la situation. En mars 2023, la première conférence mondiale des Nations Unies sur l’eau depuis 1977 a eu lieu. PWS a saisi l’occasion pour se pencher sur la question de l’importance de l’eau dans les pays de programme. Vous pouvez lire ici les témoignages des organisations de la société civile interrogées. PDF Version.

Portraits de volontaire Honduras – 2022

PORTRAIT DE VOLONTAIRE HONDURAS 2022

Marina Bieri a effectué une mission de six mois avec Peace Watch Switzerland (PWS) au Honduras en 2021/2022. Elle a fait des études en relations internationales et en Public and Nonprofit Management. Avant son mandat, elle a acquis de l’expérience professionnelle dans le cadre de différents stages. Dans l’interview qui suit, elle parle de la motivation qui l’a poussée à s’engager avec PWS ainsi que de ses expériences au Honduras. Ici aussi disponible en PDF.

Une présence internationale pour répondre au postulat des OSC honduriennes

Une présence internationale pour répondre au postulat des OSC honduriennes

Par Marianne Widmer

Publié : à propos – Le magazine du KOFF pour la promotion de la paix – N° 175 : Amérique centrale : Résister aux obstacles croissants à la paix

Avril 2022

Carli Jeen/Unsplash

À l’occasion du processus d’apprentissage commun de Peace Watch Switzerland (PWS), de l’Entraide Protestante Suisse (EPER) et de KOFF lancé en 2016, les organisations de la société civile honduriennes ont clairement formulé leurs attentes : il faut donner davantage de poids aux actions de la société civile locale par le biais d’une présence et d’une prise de position internationale explicite sur les violations des droits humains commises par le gouvernement. Il s’agit là de l’un des rares leviers permettant de se faire entendre sur le « développement » imposé au pays : la participation des personnes impliquées à un modèle de développement qui consiste à exploiter des ressources naturelles par le biais d’investissements maximisant les profits, ce modèle étant imposé par une élite corrompue et liée au crime organisé, par des mesures d’intimidation, de criminalisation et de répression.

Début 2018, PWS a lancé le programme d’observation et d’accompagnement international des droits humains au Honduras. Il s’agit là de la réponse de PWS au postulat de l’OSC hondurienne.

PWS est physiquement présente dans les communautés rurales qui luttent contre les projets d’investissement affectant leur espace de vie. L’organisation accompagne les membres de ces communautés au quotidien, dans leurs démarches administratives, dans la formulation de leurs revendications ou dans leurs actions en justice. Elle crée ainsi un certain climat de confiance au sein des communautés. La proportion d’accompagnements judiciaires a plus que doublé au cours des dernières années. Les parties au procès, les juges et les avocat·e·s confirment que la présence physique de PWS au tribunal facilite le travail de la justice, favorisant ainsi une plus grande transparence juridique.

PWS documente ses observations et constitue une banque de données empiriques. A l’aide de différents cas concrets – PWS accompagne actuellement neuf communautés – l’organisation établit un état des mécanismes courants de violations du droit et des droits de l’homme contre une population civile rurale qui revendique la cogestion de son espace de vie. La présence physique et la documentation sur le long terme permettent à PWS d’être étroitement liée aux différents processus et de les rapporter avec précision.

En fin de compte, PWS fait partie d’un réseau d’ act·eur·rice·s qui, à différents niveaux, renforcent l’action de la société civile par un accompagnement international. Dans les cas critiques, l’organisation s’adresse aux acteur·rice·s stratégiques afin qu’iels puissent intervenir sur la base de leur documentation. Ainsi, en octobre 2020, PWS a rapporté que des leader·e·s d’une communauté qu’elle accompagne ont été victimes d’une série d’agressions et de menaces violentes, a informé la plateforme des OING et la DDC. La DDC a transmis ces informations, de sorte que PWS et les victimes puissent être invitées à une audition lors de la prochaine réunion en présence des représentations gouvernementales internationales et du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) au Honduras. Le soutien de tel·le·s acteur·rice·s disposant d’une latitude bien supérieure à celle de PWS renforce son action protectrice à la fois pour celle et ceux qu’elle accompagne et pour elle-même en tant qu’institution exposée.

Par l’encadrement consulaire de ses intervenant·e·s suisses, la DDC est un partenaire stratégique important pour PWS. Cette coopération étroite permet un échange permanent entre la DDC et PWC. A de nombreuses reprises, la DDC a pu accorder à PWS un accès décisif à la plate-forme des représentations gouvernementales internationales et au Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme au Honduras. La fin de ce partenariat après 2024 constituera une perte importante pour nous et nos partenaires.

Accompagnateurs·trices volontaires pour une mission au Honduras

Nous recherchons : Accompagnateurs·trices volontaires pour une mission au Honduras

27 janvier 2022

Peace Watch Switzerland (PWS) est une organisation suisse de défense des droits humains et de la paix qui mandate des volontaires pour effectuer un travail d’observation et d’accompagnement des droits humains dans des projets au Honduras et en Palestine/Israël. Le bureau de PWS se trouve à Zurich. Pour le projet en Palestine/Israël, PWS travaille avec un mandat de prestations de l’EPER. Au Honduras, PWS a mis en place sa propre structure de projet.

Après une interruption due au coronavirus, PWS a repris en septembre 2020 son travail d’accompagnement physique et d’observation au Honduras. Un concept de protection contre le Covid-19 s’applique désormais à notre travail en matière de droits humains au Honduras.

Pour renforcer l’équipe de PWS au Honduras, nous cherchons à partir de juillet 2022 ou à convenir des

Accompagnateurs·trices volontaires pour une mission au Honduras

Durée du mandat : 6 mois ou plus

 
Tâches en mission
  • Présence physique et visites dans des communautés rurales au Honduras.
  • Accompagnement ponctuel de défenseur·e·s des droits humians hondurien·ne·s.
  • Présence physique lors de procès contre des défenseur·e·s des droits humains.
  • Participation à la planification des missions et à la documentation des cas et des procès.
  • Rédaction d’articles pour le site internet de PWS et le blog de PWS-Honduras.
Profil et exigences
  • Âge : 25 – 65 ans.
  • Bonne résistance physique et psychique.
  • Aptitude à travailler en équipe : volonté et capacité à travailler et à vivre dans une équipe internationale.
  • Très bonnes connaissances orales et écrites d’espagnol (niveau B1 minimum)
  • Respect des codes de conduite ainsi que des protocoles de coordination et de sécurité de PWS-Honduras.
  • Disposition à poursuivre le travail d’information et de sensibilisation après la fin du mandat.
  • Intérêt pour le contexte spécifique et la situation des droits humains au Honduras et volonté d’acquérir les connaissances correspondantes.
PWS offre
  • Appartement et bureau avec de bonnes infrastructures dans la capitale Tegucigalpa.
  • Concept de protection contre le Covid-19 pour l’accompagnement physique et la présence dans les communautés rurales.
  • Échange et contact avec la population civile.
  • Préparation pratique et contextuelle des missions.
  • Expériences et connaissances basées sur la réalité concernant les origines des conflits, les mécanismes des conflits, les droits humains et le développement.
  • Aperçu du mode de travail et de la réalité des partenaires du réseau de PWS sur place et de la coopération internationale.
  • Contact avec des ONG internationales, des organisations internationales de défense des droits humains et de la paix ainsi qu’avec les représentations suisses sur place.

PWS prend en charge les frais de vol vers le Honduras et verse aux personnes engagées une indemnité mensuelle de 300 CHF.

Des places d’engagement sont disponibles en juillet et en septembre 2022 (1 place à chaque fois), en janvier et en mars 2023 (2 places à chaque fois).

Vous êtes intéressé·e ? Nous nous réjouissons de votre prise de contact par téléphone au 044 272 27 88 ou par email à Marianne Widmer.

Un homme de cœur et pourtant condamné – le cas du Padre Florentino Hernández dans le sud du Honduras

Un homme de cœur et pourtant condamné - le cas du Padre Florentino Hernández dans le sud du Honduras

Par Kathrin Klöti

Sixième texte de la série « Récits d’observateurs·trices des droits humains – rétrospective » pour les 20 ans de PWS
Kathrin Klöti a effectué une mission avec PWS au Honduras de mai à septembre 2021. Elle travaille dans le secteur du tourisme et est spécialisée dans le domaine du développement durable. Après avoir débuté dans la coopération internationale avec PWS, elle travaille désormais pour Helvetas dans le domaine du tourisme d’hiver durable au Kirghizistan (Asie centrale).

J’ai rencontré le Padre Florentino Hernández pour la première fois en mai 2021. En tant qu’équipe de PWS, nous lui avons rendu visite dans son centre paroissial à El Triunfo, dans le sud rural du Honduras, près de la frontière avec le Nicaragua. Le centre paroissial tient en une maison simple avec une petite cour intérieure, juste à côté de l’église locale. Quelques chiens de rue semblaient aller et venir aussi régulièrement que les membres de la paroisse des environs. Dès le premier instant, le Padre m’a semblé être un homme humble et au grand cœur. J’ai rapidement remarqué qu’il n’avait guère l’habitude de parler de lui. Les paroisses dont il s’occupe sont sa première priorité. Le bien-être de sa paroisse lui tient à cœur et il s’y emploie tous les jours, dès les premières heures de la journée.

TÂCHES DURANT LA MISSION AU HONDURAS :
Accompagnement physique et téléphonique de communautés rurales et de leurs organisations ainsi que de défenseur·e·s des droits humains. Documentation et rapports pour le travail d’information de PWS en Suisse. Participation ponctuelle au travail de réseautage avec des acteurs nationaux et internationaux au Honduras.
Accompagnatrices des droits humains de PWS auprès du Padre Florentino Hernández. Photo : PWS 2021

Engagement pour plus de justice et de participation

Outre une sécheresse persistante, l’un des principaux défis des communautés de la région du Padre Florentino Hernández est d’avoir leur mot à dire sur le développement de leur environnement. Une société minière étrangère prévoit d’exploiter de l’or sur le territoire des communautés. Elle a d’ailleurs déjà obtenu une concession de l’État hondurien à cet effet. Ce qui peut d’abord apparaître comme une cause politique a été intégrée par le Padre dans son travail pastoral : il apprend à ses paroissien·ne·s à défendre leurs droits à être entendus et à participer aux décisions, au lieu d’être « seulement » concernés par le projet minier. Or, c’est précisément ce qui ne va pas de soi dans un pays comme le Honduras, marqué par la pauvreté, l’inégalité, la corruption et l’impunité pour les personnes avec du pouvoir. Les intérêts des communautés rurales sont notoirement ignorés et la revendication de leurs droits peut rapidement conduire à la criminalisation et aux menaces.

L’affaire judiciaire

Alors que la population locale se sent soutenue par son Padre dans ses aspirations à la justice et à la participation, ce lien fort entre la paroisse et le prêtre est une épine dans le pied des responsables de l’Église – sans doute parce que ces derniers ne sont pas totalement indépendants des rapports de force politiques et économiques dans le pays. Le diocèse a donc ordonné le transfert du Padre dans une autre paroisse. Cette décision n’a pas été acceptée par les membres de la paroisse et le Padre Florentino Hernández a lui-même refusé de quitter sa paroisse. Cela est certes légitime selon le droit ecclésiastique hondurien. Néanmoins, le refus du Padre a conduit sa propre église à l’accuser d’« usurpation de fonction ».

Ma prochaine rencontre avec le Padre a eu lieu le matin de la première audience du tribunal dans la ville de Choluteca. PWS l’a déjà accompagné sur chemin jusqu’au tribunal et, bien qu’il paraisse relativement calme et posé, il a reconnu ressentir une certaine nervosité et un certain malaise. La plupart du voyage s’est déroulé en silence, car le Padre tenait à lire quelques passages de la Bible. À Choluteca, devant le tribunal local, une foule de personnes venues d’El Triunfo pour soutenir leur Padre Florentino nous attendait : dans quelques vingt-cinq bus scolaires, au moins un millier de personnes étaient venues de la région du Padre et des communautés environnantes pour faire savoir haut et fort qu’elles voulaient qu’il continue à être un prêtre pratiquant et un homme libre dans leurs communautés.

Ce jour-là, ma collègue de PWS était présente dans la salle d’audience et je suis restée dans la cour intérieure du tribunal. Il s’agit là aussi d’une forme importante de démontrer la présence internationale : cela permet à toutes les personnes qui vont et viennent de montrer que cette affaire est suivie par PWS. La foule qui s’était déplacée pour le Padre est certes restée de l’autre côté du palais de justice, séparée par une grille. Mais les gens étaient bruyants et audibles ; leur présence ne pouvait pas passer inaperçue dans la salle d’audience. J’ai été profondément impressionnée et émue par ce rassemblement.

Le Padre Florentino Hernández devant le tribunal de Choluteca. Depuis la grille, les paroissien·e·s qui ont fait le déplacement (près de 1’000) soutiennent leur Padre lors de l'audience. Photo : PWS 2021

Lors d’une autre audience, le nombre de personnes venues le soutenir devant le tribunal a encore augmenté et le Padre a finalement été acquitté. La partie plaignante a immédiatement fait appel de cette décision. Le Padre Florentino Hernández ne s’est pas laissé intimider pour autant : ma rencontre suivante avec lui a eu lieu lors d’une manifestation contre les « Zones d’emploi et de développement économique » (ZEDE), à laquelle il a participé avec de nombreux et nombreuses membres de sa paroisse.

Accompagnement international contre la criminalisation

Rétrospectivement, je peux dire que, lors de mon engagement pour PWS au Honduras, de nombreux et nombreuses défenseur·e·s des droits humains et membres des communautés que nous avons accompagné·e·s m’ont touchée. Ils et elles m’ont tous et toutes impressionnée par leur modestie et, en même temps, par la détermination avec laquelle ils·elles défendent leurs droits et ceux de leurs communautés. Dans le cas du Padre Florentino Hernández, même sa propre institution – l’Église – s’est opposée à lui. Le courage de continuer à lutter malgré tout pour la justice à laquelle il croit lui donnera cependant, je pense, encore longtemps de la force. L’accompagnement international au Honduras est, à cet égard, d’une grande importance. Il contribue à ce que tous et toutes puissent être entendu·e·s légalement, à ce que les procédures judiciaires soient menées le plus correctement possible et à ce que la revendication de la parole ne soit pas balayée par la criminalisation.

Accompagnement au tribunal de Tegucigalpa. Suivi du cas.

Accompagnement au tribunal de Tegucigalpa. Suivi du cas.

Par Marcel Anderegg

Premier témoignage de la série « Récits d’observateurs·trices des droits humains – rétrospective » pour les 20 ans de PWS
Marcel Anderegg a été volontaire de PWS dans le cadre du projet PROAH au Honduras pendant six mois en 2014. PWS a fait partie de ce projet entre 2011 et 2015. Il est titulaire d’un master en sciences agraires de l’EPFZ et dirige aujourd’hui l’Association suisse des ingénieurs agronomes et des ingénieurs en technologie alimentaire (ASIAT).
Il s’agissait d’un incident violent, de ceux qui se produisent presque quotidiennement au Honduras : un soir, fin mai 2012, Ebed Jassiel Yánez, quinze ans, s’est faufilé en dehors de la maison de ses parents pour retrouver sa petite amie. Sans la permission de son père, il a pris sa moto et s’est lancé dans la nuit de Tegucigalpa. C’est l’amour qui l’a conduit à cette action, qui s’est malheureusement tristement terminée. Arrivé à destination, il a attendu en vain, son amoureuse n’ayant pas réussi à sortir sans se faire voir. L’adolescent a ensuite pris le chemin du retour, passant devant un poste de contrôle militaire mobile et le traversant sans s’arrêter. Le lieutenant commandant a ordonné à ses troupes lourdement armées et encapuchonnées de se lancer à sa poursuite.
Tâches durant la mission au Honduras :
Accompagnement physique et téléphonique de communautés rurales et de leurs organisations ainsi que de défenseur·e·s des droits humains. Documentation et rapports pour le travail d’information de PWS en Suisse. Participation ponctuelle au travail de réseautage avec des acteurs nationaux et internationaux au Honduras.

Voulant forcer le motocycliste à s’arrêter, ils ont ouvert le feu après seulement quelques mètres. Après avoir été touché par une balle qui est entrée dans sa tête par le cou, le garçon est tombé au sol. Les soldats se sont brièvement arrêtés et ont quitté les lieux immédiatement, au lieu d’appeler à l’aide. Environ deux heures plus tard, ils sont revenus pour ramasser les douilles de cartouches qui traînaient, qu’ils ont jetées de la voiture sur le chemin du retour. Cependant, heureusement, un témoin a pu trouver deux de ces douilles et l’examen balistique a ensuite révélé que l’une d’entre elles appartenait au projectile fatal tiré par l’arme d’Elezear Abimael Rodríguez. Ce dernier a donc été inculpé d’homicide et d’abus d’autorité par le ministère public et condamné à 16 ans de prison le 15 mars 2015.

Les accompagnateurs·trices internationaux de PROAH accompagnent le cas

La famille Yánez a été représentée au tribunal non seulement par le ministère public mais aussi par l’avocate Karol Cárdenas de l’organisation de défense des droits humains COFADEH (Comite de Familiares de Detenidos-Desaparecidos en Honduras). La famille a également été accompagnée par les volontaires de PWS/PROAH depuis la première audience en juin 2012. Lors de ma mission en automne 2014, j’ai poursuivi cet accompagnement et ai ainsi passé de nombreuses heures aux côtés de Don Wilfredo Yánez, le père de la victime, et de Karol. Au début, j’ai eu un peu de mal à suivre les négociations. D’une part, je connaissais mal le système judiciaire hondurien, qui est très complexe. D’autre part, je ne connaissais pas (encore) les nombreux termes juridiques. J’ai essayé de ne rien laisser paraître et ai espéré pouvoir faire une différence juste en étant présent. Ce procès est devenu une partie importante de la vie de Don Wilfredo, mais il a mentionné à plusieurs reprises qu’il ne voulait pas se venger, mais uniquement rendre justice. Il nous a toujours beaucoup remerciés pour notre accompagnement et était convaincu que l’observation et la présence internationales avaient un effet.

Les parents Yánez avec une photo de leur fils assassiné. Photo: PWS/Marcel Anderegg 2014

Le procès a été très difficile, surtout pour les proches de la victime. Comme dans de nombreux procès, les audiences ont été reportées à plusieurs reprises, l’ensemble du processus a été ralenti, les preuves présentées par l’accusation ont été discréditées et des tentatives ont été faites pour créer la confusion. Ce sont des stratégies bien connues des avocats des forces armées de l’État. C’était un cas emblématique et on espérait que d’autres responsables que l’auteur seraient traduits en justice. Le meurtre de l’adolescent ne pouvait être nié car il y avait un cadavre. Mais en fin de compte, c’est une fois de plus un seul soldat qui a dû porter le chapeau.

Défaite ou justice?

Au moins, il y a eu une condamnation, ce qui peut être considéré comme un succès dans un pays où, sur 100 homicides, seuls quatre sont entièrement résolus. Toutefois, si ceux qui donnent les ordres restent en liberté et au pouvoir, la situation générale ne changera pas si vite, et malheureusement, peu de choses ont changé depuis mes mois passés sur le terrain. Dire au revoir à Don Wilfredo Yánez à la fin de ma mission a été un moment difficile. C’était une personnalité impressionnante. Malheureusement, il a depuis succombé à un cancer.

Les parents Yánez en conversation avec l'avocate Karol Cárdenas. Photo: PWS/Marcel Anderegg 2014

Souvenirs des salles d’audience de Tegucigalpa

Comme nous étions là en tant qu’observateurs neutres, j’ai commencé à parler à l’avocat des forces armées pendant les pauses. Il a toujours été très amical avec moi, l’échange était stimulant et il a même exprimé son admiration pour notre engagement. Mais il a également qualifié notre travail de dangereux, ce qui aurait pu être perçu comme une menace subtile, mais je n’en étais pas conscient à ce moment-là[1]. Une situation particulière s’est produite le matin avant le prononcement de la sentence. L’un des accusés est apparu en uniforme militaire. Nous y étions allés un peu plus tôt et je lui ai demandé si je pouvais le prendre en photo. Il a dit oui et a posé fièrement. Lorsque ses avocats sont arrivés, ils l’ont renvoyé chez lui, plutôt indignés, et il est revenu en civil. L’image d’un militaire accusé ne devait pas transparaître. Lorsque je suis ensuite allé aux toilettes pendant une pause, il m’a suivi et m’a supplié de supprimer la photo, ce que j’ai fait immédiatement.
«Les balles n’éduquent pas. Les balles tuent.» Un graffiti à Tegucigalpa qui ne correspond malheureusement que trop bien à la réalité. Photo: PWS/Marcel Anderegg 2014

__________
[1] Le projet PROAH a reçu à plusieurs reprises des menaces et des insinuations sur le manque de légitimité de sa présence. PWS en a tiré les leçons pour le développement du projet ACO-H. Aujourd’hui, PWS dispose d’une accréditation légale au Honduras et est donc légitimée à travailler dans les institutions publiques telles que les tribunaux ou les espaces publics.

Bulletins Info 20 ans de PWS

Bulletin Info 20 ans de PWS - Juillet 2021

Le 19 juillet 2001 a eu lieu l’assemblée pour la fondation de l’association Peace Watch Switzerland.  L’accompagnement de réfugiés guatémaltèques de retour du Mexique dans les années 1990 a marqué les débuts de PWS. Ici vous pouvez savoir plus sur la genèse, les développements actuels et le travail d’accompagnement dans les pays du projet. Ici aussi disponible en PDF.

Bulletin Info Honduras – novembre 2020

Bulletin Info Honduras - NOVEMBRE 2020

Jimmy Bermúdez, ancien coordinateur terrain au Honduras, explique comment l’État hondurien accorde volontiers et rapidement des concessions pour l’énergie verte. Les droits humains de la population locale ne sont guère respectés. Ici aussi disponible en PDF.

Portrait de volontaire Honduras

Portrait de volontaire Honduras 2020

Ueli Locher s’est engagé avec Peace Watch Switzerland pendant six mois en 2019 en tant qu’accompagnateur des droits humains au Honduras. Dans le portrait suivant, il nous parle de ses experiences et des connaissances acquises au cours de son mandat. Ici aussi disponible en PDF.